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Idle No More à l’école

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Par Étienne Gourde

Idle no more, ça veut dire finis l’apathie, l’inertie, l’isolement. Ça veut dire qu’il est temps pour les Premières Nations de passer à l’action. Depuis décembre 2012, des milliers d’autochtones sortent de leurs réserves, organisant des manifestations coordonnées, pacifiques et stratégiques, des « teach-in », des « flash-mobs »… Sur les réseaux sociaux se tissent des liens, et de plus en plus d’autochtones s’unissent par et à travers un mouvement de diffusion et de résurgence faite par et pour eux.

J’enseigne au secondaire dans la communauté d’Unamen Shipu. Dernièrement, ma collègue et moi avons travaillé à unir et orienter le cours d’éthique et de français vers une réflexion sur le mouvement autochtone Idle no more. Durant plus d’un mois, mes jeunes étudiants innus ont recueilli des articles, visionné des documentaires, rédigé des argumentaires, écouté des commentaires sur le sujet. L’idée de cet article est de donner la parole à la jeunesse et ainsi proposer un portrait de ce qui s’est réfléchi en classe.

***

Alors, Jess-Hugo, nous disions. Apparaitre ou disparaitre? Quel est l’avenir des peuples autochtones du Canada?

« Je ne dirais pas disparaitre, car la population autochtone au Canada augmente très rapidement comparée aux autres habitants du pays. Un jour, les Nations autochtones du pays vont se faire plus connaitre mondialement et nous ne serons plus invisibles comme avant. »

Tessyane?

« Apparaitre. Ils commencent à agir pour leur avenir et l’avenir de leurs enfants. Ils se battent pour ce qui leur appartient, leur territoire, leurs droits… ».

Ils commencent à agir… Bien. Le slogan le dit d’ailleurs, « Idle no more », c’est fini l’isolement, la douleur, les mensonges, la corruption… Dylan, tu comprends ce que ça veut dire?

« Avant, les autochtones étaient sur l’ « idle », c’est-à-dire un moteur qui ne fait que tourner sur lui-même, il y avait pas de changements dans la situation autochtone. Maintenant, avec la naissance du mouvement « Idle no more », les autochtones ne sont plus sur le « idle » (comme en mécanique), ils ont embrayé, ils se déplacent, ils veulent des changements. »

Merci pour cette réponse Dylan. Il est vrai que la situation dans les communautés doit changer. Comment changer les choses? Jenna, je t’écoute.

« L’avenir des autochtones consiste à bien élever les enfants, à bien se loger, à bien manger, à bien s’habiller et à aller à l’école. »

Aller à l’école, oui! Car l’éducation est le portail qui ouvre à la découverte de soi. Or, il n’est pas évident pour un jeune étudiant autochtone de découvrir ce qu’il est dans nos écoles, n’est-ce pas? Vous saviez que, dans certaines communautés, c’est jusqu’à sept enfants sur dix qui ne terminent pas leur secondaire? Il y a un problème, c’est clair. Mais je m’égare. Alors, Meggan, disparaitre ou apparaitre?

« Disparaitre. Voilà l’avenir des Premières Nations. Parce que si les lois ne sont pas abolies, il y aura d’importants changements, majeurs, qui se feront dans nos territoires. Elles (les Premières Nations) ne pourront s’adapter. Alors, les Premières Nations disparaitront petit à petit… »

Tu parles du projet de loi de Harper et comment il touche les territoires des Premières Nations? Y’aurait-il un intérêt caché derrière la loi C-45? Toi, Jess-Hugo?

 « Les buts cachés du gouvernement Harper, c’est de prendre toutes nos richesses dans notre territoire… »

Meggan?

« Il veut avoir le contrôle sur les Premières Nations en modifiant la loi sur les Indiens. Il veut nous déposséder de nos territoires pour ensuite les vendre à des étrangers… »

Si je comprends bien ce que vous dites, tout cela semble avoir un lien avec le territoire? Sylvianne-Pinamen, à toi.

«  Ils (les gouvernements) ne savent pas à quel point notre territoire compte pour nous. »

Tessyane, tu peux me dire quelque chose sur le territoire toi?

« Pour moi, le territoire est fondamental pour un Innu. C’est ce qui le relie à la nature, c’est un lieu pour chasser, c’est là qu’il exprime sa culture, sa tradition. »

J’aime bien ce que tu dis. Est-ce que ça t’inquiète, l’expression de la culture autochtone Tessyane?

« De nos jours, les jeunes adolescents oublient la culture innue et l’importance qu’elle occupe vraiment à travers leur histoire. Ils sont plutôt intrigués par les appareils électroniques. La télévision, les ordinateurs, les Ipods et toutes les petites bébelles. Cela engendre la paresse, la démotivation aux vraies choses de la vie. »

Dans un sens, oui, tu as raison. À l’inverse, n’est-ce pas aussi cette technologie qui a permis le mouvement « Idle no more » de se faire connaitre? Lindsay, tu veux dire quelque chose…

« Il y a eu des centaines d’évènements « Idle no more » partout au Canada, aux États-Unis, en Amérique centrale et en Amérique du Sud, et dans d’autres pays à travers le monde. »

Alors, ce n’est pas la fin pour les Premières Nations?

« Un dicton autochtone dit qu’on perd la bataille le jour où le cœur des femmes tombe au combat. Ça ne semble pas être pour demain ».

Merci de nous le rappeler Olivia.


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